Société Française d'Alcoologie

2023- Même une faible consommation d’alcool influence le devenir des personnes atteintes d’une cirrhose compensée liée à l’alcool

Une faible consommation d’alcool influence le devenir des personnes atteintes d’une cirrhose compensée liée à l’alcool dans une cohorte multicentrique française

Impact et implications

Chez les patients atteints d’une cirrhose liée à l’alcool, on manque de données sur l’impact de la quantité d’alcool consommée à la fois sur la survie et sur les événements liés au foie. La présente étude basée sur la cohorte CIRRAL démontre que la récurrence de l’alcool survient chez plus de 30 % des patients atteints de cirrhose compensée et que même une récurrence modérée influence fortement les résultats. Les patients atteints d’une cirrhose compensée liée à l’alcool devraient être invités à cesser complètement leur consommation d’alcool, même en petites quantités, car la présente étude montre qu’aucune consommation d’alcool ne peut être considérée comme sûre lorsqu’une cirrhose s’est développée.

 

 

Contexte et objectifs : L’impact néfaste d’une forte consommation d’alcool et d’une récidive chez les patients atteints d’une cirrhose liée à l’alcool est établi de longue date, mais les facteurs qui influencent les résultats à long terme restent peu élucidés.

Méthode : Tous les patients atteints d’une cirrhose alcoolique compensée prouvée par biopsie et inclus dans la cohorte CIRRAL (22 centres) ont fait l’objet d’une étude prospective. Les variables pronostiques de la survie et de la survie sans événement hépatique ont été évaluées à l’aide de modèles multivariables de Cox avec sélection par étapes. L’impact pronostique de la récurrence de l’alcool au cours du suivi (calculé en verres-années de la même manière que les paquets-années pour le tabac) a été évalué à l’aide d’une covariable dépendant du temps.

Résultats : De 2010 à 2016, 650 patients ont été inclus. L’âge médian à l’inclusion était de 58,4 ans, 67,4% étaient des hommes et l’IMC médian était de 27,8 kg/m2, 63,8% avaient des antécédents de décompensation hépatique et 70,2% avaient arrêté l’alcool. Après 5 ans, une récidive est survenue chez 30,9 % des patients abstinents et ce risque était plus élevé chez les patients ayant des antécédents de toxicomanie et chez ceux ayant arrêté l’alcool moins longtemps. La survie médiane était de 97 mois. L’âge, la consommation d’alcool au départ, la numération plaquettaire et le score de Child-Pugh >5 ont été associés à la survie globale et à la survie sans événement hépatique lors d’une analyse multivariée. Une consommation d’alcool supérieure à 25 verres-années au cours du suivi a été associée de manière indépendante à une survie plus faible et à une tendance à une survie sans événement hépatique plus faible, le risque augmentant à partir d’un verre-année, bien que de manière non significative. Les graphiques de Simon et Makuch confirment l’avantage d’une absence de consommation d’alcool (<1 verre/semaine) sur les deux résultats et l’impact dose-dépendant de l’alcool au fil du temps.

Conclusion : Cette étude prospective chez les patients atteints de cirrhose alcoolique compensée identifie les facteurs prédictifs de la récurrence de l’alcool au cours du suivi et montre qu’une consommation modérée d’alcool au cours du suivi a un impact négatif sur les résultats. Les patients atteints d’une cirrhose liée à l’alcool devraient se voir conseiller d’arrêter complètement de boire de l’alcool.

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