L’exposition au marketing numérique de l’alcool augmente la consommation chez les jeunes : résultats d’une méta-analyse internationale
On savait déjà que la pression des pairs et l’exposition à l’alcool dans les films augmente le risque d’initier une consommation d’alcool précocement à l’adolescence et aussi de progresser rapidement vers le binge drinking (Stoolmiller M et al 2012, Jackson KM et al 2018).
Ce sont maintenant les réseaux sociaux qui posent problème. Le recours massif au marketing numérique par l’industrie de l’alcool expose de plus en plus les adolescents et jeunes adultes à des contenus promotionnels attractifs sur les réseaux sociaux et autres plateformes digitales. Ces expositions, souvent invisibles et difficilement régulées, pourraient jouer un rôle majeur dans l’initiation précoce et la normalisation de la consommation.
Une méta-analyse récente du Lancet Public Health alerte sur ces tendances préoccupantes.
En combinant 31 études menées dans 17 pays et portant sur plus de 62 000 participants, les auteurs montrent qu’être exposé au marketing numérique de l’alcool est associé à une probabilité significativement plus élevée de consommer de l’alcool.
Les résultats indiquent que les personnes exposées présentent :
Augmentation de 75 % du risque de consommation d’alcool au cours des 30 derniers jours (OR = 1,75 ; IC95 % : 1,39–2,20)
Augmentation de 80 % du risque de binge drinking (OR = 1,80 ; IC95 % : 1,22–2,67)
Augmentation de 78 % du risque d’initier une consommation chez les personnes n’ayant jamais consommé (OR = 1,78 ; IC95 % : 1,29–2,46)
Augmentation de 70 % du risque de consommation au cours de la vie (OR = 1,70 ; IC95 % : 1,35–2,12)
Ces associations sont encore plus marquées chez les adolescents et lors d’une exposition récente, notamment via les réseaux sociaux.
Une exposition massive, une régulation insuffisante
Alors que les adolescents et les jeunes adultes sont particulièrement sensibles aux influences sociales et commerciales, les dispositifs actuels de vérification de l’âge en ligne restent largement insuffisants pour limiter leur exposition aux contenus promotionnels sur l’alcool.
Les auteurs, en cohérence avec les recommandations de l’OMS, insistent sur la nécessité de renforcer la régulation du marketing numérique de l’alcool, notamment par la mise en place de mesures plus protectrices à l’égard des jeunes publics, telles que :
L’encadrement réglementaire renforcé du marketing digital ;
Les contrôles d’âge réellement efficaces et vérifiés ;
La réduction stricte de l’exposition des mineurs sur les réseaux sociaux ;
La plus grande transparence des algorithmes et des sanctions en cas de non-conformité.
Un enjeu majeur de prévention
Ces résultats soulignent une nouvelle fois que les environnements numériques constituent un déterminant central des comportements de consommation d’alcool chez les jeunes.
Investir dans l’éducation aux médias, la réduction de l’attractivité de ces contenus, et des politiques publiques ambitieuses est indispensable pour limiter une initiation précoce dont les conséquences se prolongent à l’âge adulte.
lire l’article complet Ici : Donaldson S.I., Russell A.M., La Capria K. et al. Association between exposure to digital alcohol marketing and alcohol use: a systematic review and meta-analysis. The Lancet Public Health. 2025;10:e912–22.
DOI : 10.1016/S2468-2667(25)00219-1
Référence :
Jackson KM, Janssen T, Barnett NP, Rogers ML, Hayes KL, Sargent J. Exposure to Alcohol Content in Movies and Initiation of Early Drinking Milestones. Alcohol Clin Exp Res. 2018 Jan;42(1):184-194. doi: 10.1111/acer.13536.. PMID: 29193150; PMCID: PMC5750090. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/acer.13536
Stoolmiller M, Wills TA, McClure AC, Tanski SE, Worth KA, Gerrard M, Sargent JD. Comparing media and family predictors of alcohol use: a cohort study of US adolescents. BMJ Open. 2012 Feb 20;2(1):e000543. doi: 10.1136/bmjopen-2011-000543. PMID: 22349939; PMCID: PMC3289988. https://bmjopen.bmj.com/content/2/1/e000543
