Angleterre : explosion des morts directement liées à l’alcool après la pandémie
Une étude majeure publiée dans The Lancet Public Health révèle une hausse sans précédent des décès directement causés par l’alcool en Angleterre depuis la pandémie de COVID-19. Entre 2019 et 2022, les taux de mortalité ont augmenté de 35,5 %, atteignant 14,7 décès pour 100 000 habitants, un record absolu.
Des chiffres inquiétants :
• En 2022, 10 048 décès ont été attribués à des causes 100 % liées à l’alcool.
• Les décès par maladie alcoolique du foie sont les plus nombreux et expliquent 73 % de l’augmentation totale depuis 2019.
• Les morts par causes aiguës (intoxications, troubles mentaux liés à l’alcool, etc.) ont augmenté de 35,4 %.
• Les hommes restent les plus touchés (taux 2 fois plus élevé que chez les femmes), mais la progression relative est plus forte chez les femmes (+31,9 % contre +25,9 %).
• Les zones les plus défavorisées sont les plus frappées : près de 5 décès supplémentaires pour 100 000 dans les quartiers les plus pauvres.
Un phénomène amplifié, pas transformé
Contrairement à certaines attentes, l’augmentation des décès ne touche pas de nouveaux groupes, mais aggrave les inégalités préexistantes. Ce sont les mêmes populations déjà vulnérables avant la pandémie – hommes, 50-69 ans, milieux défavorisés – qui paient le plus lourd tribut.
Quelles causes ?
Plusieurs facteurs sont évoqués :
• Augmentation de la consommation chez les buveurs déjà à risque pendant les confinements.
• Accès réduit aux soins, notamment pour les troubles hépatiques.
• Dégradation de la santé mentale dans les milieux précaires.
Un appel à l’action urgent
Les auteurs appellent à une politique ambitieuse de prévention, combinant :
• une réduction de la consommation d’alcool à l’échelle de la population (prix minimum, encadrement de la publicité),
• le renforcement du repérage précoce des maladies du foie,
• des soins spécialisés plus accessibles, notamment dans les zones les plus touchées.
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À retenir : L’Angleterre est confrontée à une crise silencieuse mais massive de mortalité liée à l’alcool. Ces données doivent interpeller les autorités sanitaires partout en Europe, y compris en France, où les mêmes mécanismes de vulnérabilité pourraient produire des effets similaires. La prévention des dommages de l’alcool n’a jamais été aussi urgente.