Intervention du Pr Franck Bellivier lors de l'ouverture des JSFA 2024 : "L"addictologie: objectif prioritaire de l'évolution de la feuille de route santé mentale et psychiatrie"
26 mars 2024
La feuille de route santé mentale et psychiatrie, initiée en 2018, donne « une place insuffisante à l’addictologie » et celle-ci doit être un « objectif prioritaire » de son évolution, a indiqué le délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, le Pr Frank Bellivier, en ouverture des Journées de la Société française d’alcoologie (SFA), mardi, qui se tiennent au ministère encharge de la santé et de la prévention à Paris.
Ce congrès offre un état des lieux de la consommation d’alcool en France, constituant « un plaidoyer » pour améliorer la prise encharge face à l’étendue des besoins et de l’inadéquation de l’offre, a pointé le psychiatre.
Reconnaissant combien l’alcool peut faire le lit des troubles psychiques, il a souligné l’importance d’une « meilleure reconnaissance et articulation des comorbidités psychiques et de la consommation d’alcool ».
Dans le cadre de cette évolution, il a également mentionné son intention de poursuivre la prise en charge intégrée des pathologies duelles, qui associent troubles psychiatriques et addictions, afin de rattraper le retard de la France dans ce domaine.
Il s’agit également de structurer le diagnostic et la prise en charge du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité(TDAH) chez l’adulte, en articulation avec l’offre d’addictologie.
Le psychiatre a salué par ailleurs le rôle pionnier de l’alcoologie dans la pair-aidance, source d’inspiration pour « développer un cadre réglementaire » pour la pair-aidance professionnelle, pour articuler les secteurs sanitaire, social, médico-social et l’accompagnement, ainsi que pour développer la réduction des risques et construire des parcours de soins en santé mentale.
Il a souligné enfin l’importance de développer des partenariats publics-privés ciblés en addictologie pour répondre au grand défidu numérique en santé mentale.
A sa suite, la déléguée de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), Valérie Saintoyant, a rappelé notamment que malgré « une évolution globalement encourageante de la consommation » en France, l’alcool reste « un sujet majeur en raison de la morbimortalité, facteur de violences intrafamiliales, de violences routières, de troubles à l’ordre et à la tranquillité publique ».
Afin d’améliorer la lutte contre les méfaits de l’alcool, le président de la SFA, le Pr Mickaël Naassila, responsable du groupe de recherche sur l’alcool et les pharmacodépendances (Grap) à l’université de Picardie à Amiens, appelle par ailleurs à « mettre en place des programmes ambitieux pour soutenir et renforcer la recherche sur les addictions en France » et l’alcoologie notamment.
Dans l’éditorial du numéro spécial d’Alcoologie et addictologie consacré à ces journées, il estime que le Fonds de lutte contre lesaddictions « devrait être considérablement augmenté pour répondre aux enjeux et aux dommages causés aux individus et à la société », proposant de l’alimenter par une hausse des taxes sur l’alcool et les jeux de hasard. « Cette recherche devrait être reconnue comme une priorité, compte tenu des dommages sanitaires et sociaux estimés àenviron 266,8 milliards d’euros par an », rappelle-t-il.