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GBD 2020 The Lancet – Repères de consommation d’alcool à moindre risque : les abaisser chez les plus jeunes ?

La dernière étude GBD (GBD 2020) publiée le 16 juillet 2022 dans Le Lancet, et utilisant une nouvelle méthode d’analyse, a fourni des résultats sur les risques de la consommation d’alcool au niveau populationnel en fonction des niveaux d’alcool consommés, des régions géographiques, de l’âge, du sexe et de l’année. Les auteurs ont estimé le niveau minimum théorique d’exposition au risque et aussi un nouvel indice, l’équivalence non-buveur (le niveau de consommation auquel le risque pour la santé est équivalent à celui d’un non-buveur), dans 21 régions incluant 204 pays et territoires. Cette valeur d’équivalence non-buveur permet donc de suggérer qu’au-delà de ce niveau du niveau de consommation correspondant au même risque qu’un non- buveur, le risque sera augmenté (risque relatif > 1).

Cette étude fournit des preuves claires que le niveau de consommation d’alcool pour lequel les pertes de santé sont minimes varie considérablement d’une population à l’autre et reste nul ou très proche de zéro pour plusieurs groupes de population, en particulier celles des jeunes adultes. Les résultats majeurs de cette étude montrent ainsi que la différence des risques pour la santé associés à des faibles niveaux de consommation d’alcool dépendent de la région du globe et surtout de l’âge. En effet, la consommation à moindre risque pour la santé se situe entre 0 [Intervalle de confiance (IC) 95% : 0-0] et 1.87 [IC95% : 0.5-3.30] verre standard par jour mais est abaissée à 0-0.603 [IC95% 0-0 ; 0.400-1.00] verre standard par jour pour les 15- 39 ans (versus 0.114-1.87 [IC95% 0-0.403 ; 0.500-3.30] verre standard par jour pour les 40 ans et plus). Concernant l’indice d’équivalence non-buveur, il variait entre 0.002 et 1.75 [IC95% 0-0 ; 0.698-4.30] chez les 15- 39 ans et entre 0.193 et 6.94 [IC95% 0-0.900 ; 3.40-8.30] chez les 40 ans et plus.

Les plus jeunes étant plus concernés par des atteintes liées aux accidents et blessures alors que les plus âgés sont quant à eux plus concernés par les maladies cardiovasculaires et les cancers. L’étude ne montre pas de différence liée au sexe mais indique, par contre, que ce sont les hommes qui sont majoritairement concernés par la consommation nocive d’alcool (risque > au seuil d’équivalence non-buveur) à hauteur de 76.9% [IC95% : 73.0-81.3] et particulièrement les 15-39 ans (59.1% [IC95% : 54.3-65.4]). Concernant la proportion de la population présentant cette consommation nocive d’alcool, la France fait partie des tous premiers pays les plus touchés et ceci à tous les âges.

Cette étude ne démontre en aucun cas l’existence de prétendus effets « protecteurs » de la consommation d’alcool à partir de 40 ans, et d’ailleurs elle ne met ni avant ni ne discute cette éventualité, tout en rappelant dans l’introduction que les résultats actuels de la littérature restent très discutés et contradictoires. Démontrer les effets « protecteurs » de faibles niveaux de consommation d’alcool nécessiterait un essai clinique contrôlé et randomisé et qui ne soit pas influencé par l’industrie de l’alcool. Cette étude GBD 2020 montre que, selon les 2 critères estimés, chez les plus de 40 ans, le risque augmente à des niveaux plus élevés de consommation, et de toutes les manières concernant le critère « niveau minimum théorique d’exposition au risque », même à partir de 40 ans, il s’agit de niveaux de consommation inférieurs à 2 verres par jour. A partir de 40 ans, la distribution des causes induisant des pertes d’années de vie en bonne santé est très différente avec une bascule notamment vers la diminution de proportion de blessures et accidents liés à la consommation d’alcool et l’augmentation des causes plus liées aux maladies chroniques.

Au total, cette dernière étude GBD souligne le fait que la plupart des pays ont des repères de consommation qui sont trop élevés pour les populations les plus jeunes et qu’il est donc crucial de les adapter. Elle conclut aussi qu’elle n’a pas mis en évidence de différence liée au sexe et qu’il n’est donc pas nécessaire d’adapter les recommandations sur ce critère.

+ Télécharger le communiqué de presse du 8 août 2022

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