La présente étude sur la cohorte CIRRAL démontre que la récurrence de l’alcool survient chez plus de 30% des patients atteints de cirrhose compensée et qu’aucune consommation d’alcool ne peut être considérée comme sûre lorsque la cirrhose s’est développée.
En résumé cette étude montre que: La récidive alcoolique survient dans plus de 30 % des cas après un diagnostic de cirrhose. Des antécédents d’usage de drogue et un sevrage alcoolique récent sont des facteurs de récidive. Il faut conseiller aux patients cirrhotiques d’arrêter complètement l’alcool, même à des niveaux faibles.
Méthode; Tous les patients atteints d’une cirrhose alcoolique compensée prouvée par biopsie et inclus dans la cohorte CIRRAL (22 centres) ont été étudiés prospectivement. Les variables pronostiques de la survie et de la survie sans événement hépatique ont été évaluées à l’aide de modèles multivariables de Cox avec sélection par étapes. L’impact pronostique de la récurrence de l’alcool au cours du suivi (calculé en verres-années de la même manière que les paquets-années pour le tabac) a été évalué en utilisant une covariable dépendante du temps.
Résultats: De 2010 à 2016, 650 patients ont été inclus. L’âge médian à l’inclusion était de 58,4 ans, 67,4% étaient des hommes et l’IMC médian était de 27,8 kg/m2, 63,8% avaient des antécédents de décompensation hépatique et 70,2% avaient arrêté l’alcool. A 5 ans, 30,9% des patients abstinents ont développé une récidive et ce risque était plus élevé chez les patients ayant des antécédents d’usage de drogue et chez ceux ayant arrêté l’alcool depuis moins longtemps. La survie médiane était de 97 mois. L’âge, la consommation d’alcool au départ, la numération plaquettaire et le score de Child-Pugh >5 étaient associés à la survie globale et à la survie sans événement hépatique dans une analyse multivariée. Une consommation d’alcool pendant le suivi de plus de 25 verres-année était indépendamment associée à une survie plus faible et à une tendance à la survie sans événement hépatique significative, mais le risque augmentait à partir d’un verre-année, mais pas de manière significative. Les graphiques de Simon et Makuch confirment le bénéfice de l’absence de consommation d’alcool (<1 verre/semaine) sur les deux résultats et l’impact dose-dépendant de l’alcool dans le temps.
En conclusion: Cette étude prospective chez des patients atteints de cirrhose alcoolique compensée identifie les facteurs de récurrence de l’alcool pendant le suivi et montre qu’une consommation modérée d’alcool pendant le suivi a un impact négatif. Il convient donc de conseiller aux patients atteints de cirrhose liée à l’alcool d’arrêter complètement la consommation d’alcool.
Impact et implications: La présente étude basée sur la cohorte CIRRAL démontre que la récurrence de l’alcool survient chez plus de 30% des patients atteints de cirrhose compensée et que même une récurrence modérée a un impact. Il convient de conseiller aux patients atteints de cirrhose compensée liée à l’alcool d’arrêter complètement la consommation d’alcool, même en petites quantités, car, d’après la présente étude, aucune consommation d’alcool ne peut être considérée comme sûre lorsque la cirrhose s’est développée.